#40 concours d'éloquence

Dans le lycée où je travaille, il passe un concours d’éloquence.

Il a l’air bien plus à l’aise que l’an dernier, où la trouille de parler en public lui avait fait annuler sa participation.

Aujourd’hui, il est là. Détendu. Prêt.

J’observe aussi son père, venu l’encourager. Sa photocopie : les mêmes yeux, la même posture, juste quelques années d’écart.

J’adore quand c’est aussi flagrant. Ça me fait sourire.

Ils se regardent. Il y a de la fierté dans les yeux du père, et une joie silencieuse chez le fils.

Je ne connais pas leur histoire. Mais moi aussi j’ai un jeune. Et même s’il a de moins en moins besoin de moi, il me cherche encore du regard quand c’est important. (Ne lui dites pas que je vous l’ai dit.)

Les candidats se succèdent. Beaucoup d’émotion dans la salle. On sent qu’ils donnent tout.

C’est à son tour.

Sujet d’impro : « je nage dans le bonheur. »

Il répète la phrase plusieurs fois. Les yeux dans les yeux avec son père.

Et il ajoute : « malgré ma situation. »

Il parle. Il sourit. Il est heureux d’être là.

Le jury se réunit. C’est un peu long.

Mais l’ambiance est douce, presque suspendue.

Ce n’est pas une compétition. C’est un pas de côté. Une fierté à apprivoiser.

Le tout orchestré par leur professeur, une vraie magicienne. Le genre qu’on aurait tous aimé avoir. Elle les motive sans forcer, elle les pousse sans brusquer. Et surtout, elle y croit. Ça change tout.

Résultat : c’est lui qui gagne.

Victoire sans grand bruit. Mais je la vois, cette joie qui circule entre lui et son père, comme un fil invisible.

Ma voisine me souffle : « moi, au même âge, je n’aurais jamais osé. »

Je souris. Moi, je me planquais dans les toilettes en espérant qu’on m’oublie.

Une fois, j’ai dû prendre la parole en réunion sans être avertie , j’ai prié pour être aspirée par la moquette.

Des années plus tard… j’ai un peu bossé le sujet (et le 21 juin prochain, je parlerai devant 2500 personnes, en savoir plus ICI)

Non je ne lui ai pas dit. Pas le lieu, pas le sujet.

👑 PSR, je n’ai pas de donjon mais un trésor : faire briller ce qui ne fait pas la une, un état d’esprit que je partage tous les jours dans mes chroniques.
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